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13/02/2025 11:30:00
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Marché: Pictet AM peu optimiste sur l'Europe

Depuis près d'un mois, les marchés financiers doivent composer avec les annonces de Donald Trump sur l'instauration de droits de douane : Colombie, Mexique, Canada, Chine, Europe... 5 %, 10 %, 20 %...

Aussi intempestives que spectaculaires, ces déclarations n'ont pour l'instant pas été suivies d'effets très concrets, si ce n'est de créer un climat d'incertitude ravivant le spectre d'une guerre commerciale.

Dans ce contexte, Christopher Dembik, conseiller en investissement chez Pictet AM, se veut plutôt rassurant. Ce lundi 10 février, il présentait à la presse ses convictions d'investissement sous un titre évocateur : "Beaucoup de bruit pour rien".

" Certes, il y a un message un peu provocateur ", reconnaît-il, " mais la réalité, c'est que le protectionnisme de Trump reste encore extrêmement limité ".

Selon Pictet AM, le président américain utiliserait avant tout cette stratégie comme un levier de négociation et son insistance à résorber le déficit commercial des États-Unis ne serait surtout qu'un prétexte.

"Si Trump souhaitait réellement s'attaquer à ce problème, il se concentrerait davantage sur l'Asie, notamment sur le Vietnam", estime Christopher Dembik.

Le Vietnam -dont les exportations vers les USA pèsent pour 24 % de son PIB- n'est pourtant pas concerné par les mesures américaines, bien qu'il figure, selon un rapport du Trésor américain, parmi les Etats suspectés de manipuler leur devise.

"Si le discours met en avant le déficit commercial, les faits montrent que Trump ne s'y intéresse pas vraiment. Son véritable objectif est d'obtenir des concessions commerciales de ses partenaires", poursuit l'expert.

Donald Trump avait d'ailleurs été très clair avant son entrée à la Maison Blanche, assurant que les 214 milliards de déficit américain avec l'Union européenne devraient être compensés par des achats d'hydrocarbures.

Le dossier est pourtant un peu plus complexe, comme le note Pictet AM. Car même si des investissements ont été annoncés, les infrastructures portuaires américaines ne permettront pas d'augmenter les exportations d'hydrocarbures avant deux ou trois ans.

Par ailleurs, l'Europe importe déjà 90 % de son fuel des États-Unis - ce qui limite drastiquement les marges de progression. Enfin, les raffineries européennes ne sont pas particulièrement adaptées au traitement du brut léger américain.

"En revanche, il existe une réelle marge de manoeuvre sur le gaz naturel liquéfié", souligne Christopher Dembik, qui estime qu'à cet égard, la part des importations européennes pourrait être poussée de 50 % à 75 %.

Selon la banque, une guerre commerciale ouverte et d'instauration de tarifs douaniers de 20 % en Europe aurait un impact de l'ordre de 0,8 % sur le PIB de la zone euro. "C'est notre scénario du pire mais ce n'est pas notre scénario central ", précise Christopher Dembik, qui privilégie donc l'hypothèse de négociations dans les prochains mois.

A ce titre, Pictet AM observe une réelle volonté de Pékin et Washington d'éviter une escalade. Pour l'instant, la réponse chinoise aux droits de douane de 10 % est ainsi restée mesurée, Pékin se contentant d'ouvrir une enquête contre Google - qui n'opère plus en Chine depuis 2010.

Pour contourner ces droits de douane, la Chine a par ailleurs la possibilité de délocaliser une partie de sa production en Asie du Sud-Est, notamment au Vietnam, afin de maintenir une porte d'entrée vers les États-Unis.
"La guerre commerciale est une réalité, mais les comparaisons avec les années 30 nous semblent inappropriées", analyse Pictet AM.

Christopher Dembik a une nouvelle fois mis en avant l'extrême résilience de l'économie américaine, malgré un léger ralentissement du marché du travail.

Statistiquement, la durée moyenne de chômage d'un américain est ainsi passée de 19 à 24 semaines en l'espace de deux ans. Si le dossier reste à surveiller, il n'a pour l'instant " rien d'alarmant ", insiste l'expert.

En revanche, le paysage économique européen laisse moins de place à l'optimisme, même si le début d'année est excellent pour les actions européennes, y compris sur le segment des petites et moyennes entreprises.

Pictet AM évoque surtout des " flux tactiques ", de courte durée.
Enfin, Christopher Dembik note que le différentiel de taux de part et d'autre de l'Atlantique exerce une forte pression baissière sur l'euro.

Pictet AM prévoit des taux de la Fed à 4,25 % avec une seule baisse supplémentaire, tandis que ceux de la BCE devraient atteindre 1,85 %, un niveau considéré comme neutre. "Certes, il y aura davantage de baisses de taux en Europe, mais le différentiel de rendement poussera de nombreux capitaux vers les États-Unis", croit savoir le spécialiste.

"À part l'argument de la valorisation, nous n'avons pas d'élément permettant d'être optimistes sur le long terme en Europe. Et si la guerre commerciale devait fragiliser l'économie, l'impact serait plus marqué en Europe qu'aux États-Unis", conclut-il.


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